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Publié par FOL 93

Perplexité ! Comment devons-nous comprendre une invitation à débattre sur quelque sujet que ce soit en étant invitée dans des délais aussi courts, ce qui ne permet pas de respecter les règles les plus élémentaires de concertation entre les membres de l’association, règle à laquelle la FOL 93, mouvement d’éducation populaire, est scrupuleusement attachée.

La Fédération des œuvres laïques du 93, est la représentation départementale de la Ligue de l’enseignement qui a contribué à la création d’une école publique, laïque ouverte à tous.

Je souhaite rappeler ici l’article 3 de ses statuts qui fonde et légitime son expression sur la question qui se veut en débat ici :

 

« La fédération fondée en 1967 a pour but au service de l’idéal laïc, démocratique et républicain de contribuer au progrès de l’éducation sous toutes ses formes.

Elle fédère et rassemble des personnes morales et des membres animés du même esprit.

Mouvement d’éducation populaire, elle invite les femmes et les hommes à débattre et agir afin

de permettre à chacun de comprendre la société où il vit, de s’y situer, de s’y exprimer et d’agir en citoyen afin de favoriser à tous les niveaux politiques le développement d’une vie démocratique laïque, soucieuse de justice sociale et attachée à la paix

de développer toutes les initiatives collectives et associatives favorisant l’épanouissement le plus large des personnes par un égal accès de tous à l’éducation, à la formation, à la vie professionnelle, à la culture, à la communication, au sport, aux vacances et aux loisirs

de faire vivre la laïcité, principe constitutionnel et valeur universelle qui implique la reconnaissance de l’égale dignité de chaque être humain, par une action permanente

pour garantir la liberté de conscience, la liberté de culte, la liberté de pensée et l’organisation républicaine des pouvoirs publics assurant la pluralisme des convictions, la liberté d’expression et l’égalité en droit de tous les citoyens

pour combattre les inégalités et toutes formes de discriminations, notamment en raison de l’origine ethnique ou nationale, de la religion ou des convictions, du sexe, de l’âge, du handicap, de l’orientation sexuelle. »

 

La Ligue de l’enseignement de par son histoire, ses valeurs, son engagement et ses actions est donc particulièrement légitime à s’exprimer sur la question de l’identité nationale que ce soit au niveau national ou départemental au travers des actions éducatives que nous conduisons depuis 20 ans sur ce territoire autour de notre rapport à l’autre, mais également autour de la construction d’une histoire commune pour aider à l’élaboration de notre avenir commun.

Ces actions se déroulent en direction de l’ensemble de la population, sans exclusive, population qui est témoin et acteur de cette identité toujours en mouvement, riche des apports de chacun.

«faire société » et « vivre ensemble » restent plus que jamais les objectifs que nous nous sommes assignés

Nous pouvons faire nôtre cette sublime phrase de Martin Luther King

«  Si nous n’apprenons pas à vivre ensemble comme des frères ( et sœurs ) alors nous mourrons ensemble comme des imbéciles »

 

 

Cette question de l’identité nationale arrive dans un climat délétère où l’on stigmatise de plus en plus les personnes issues de l’immigration. Faut-il pour autant abandonner la nation aux extrémistes ?

 

Or, les conditions dans lesquelles ce débat s’inscrit inquiètent.

 

Le soupçon d’un risque d’instrumentalisation et d’une radicalisation dangereuse, d’une vision de l’identité aux relents nationalistes et xénophobes persiste malgré toutes les déclarations que le ministre Eric Besson fait pour convaincre du bien-fondé et de la sincérité de sa démarche.

Comment ne pas relever les contradictions entre, d’une part, la volonté affichée à grand renfort de communication, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, d’un débat sincère et dénué de toute arrière pensée et, d’autre part, les actes mis en œuvre par ce même gouvernement.

Comment ne pas sentir le malaise quand ce débat se déroule

Sur fond de prochaines échéances électorales, les régionales prenant une dimension d’élections nationales

Sur fond de reconduites à la frontière et d’expulsions d’étrangers en situation irrégulière,

Sur fond de stigmatisation de la population en fonction de sa croyance supposée

Sur fond d’une institutionnalisation du religieux comme seule possibilité de relier et transcender l’humain

Sur fond d’exclusion, de relégation sociale.

Sur fond de destruction progressive des services publics dont pour la seule éducation nationale 80 000 postes d’enseignants supprimés depuis 2002

Aujourd’hui, on désigne à nouveau les gens selon leur origine, on stigmatise, on relègue, on exclut, on chasse, ce qui évoque nos pires années de honte.

Je citerai le président de la Ligue de l’enseignement, Jean-Michel Ducomte :

« …Il existe une identité nationale, riche de son histoire et de ses combats d’hier, fière de ses principes dont elle a permis l’émergence, attachée en permanence à leur donner substance. Mais il s’agit d’une identité en mouvement, travaillée par l’émergence d’une diversité culturelle qui va s’accentuant, sous l’influence d’une mondialisation qui ne se réduit pas aux seuls échanges économiques. Le temps n’est plus où, comme Montesquieu nous pourrions nous demander qu’est-ce qu’un Persan, il est à s’inquiéter (à s’intéresser) de savoir comment vivre avec lui. »

 

Nous craignons que ce débat sur l’identité nationale masque des objectifs bien éloignés de cet idéal laïc et républicain auquel nous sommes fondamentalement attachés.

 

Cependant, en dépit ou à cause de ces inquiétudes, la Ligue de l’enseignement a décidé de faire entendre sa voix afin de dénoncer ce qui doit l’être et de veiller à éviter le danger d’instrumentalisation qui guette, d’où notre présence ce soir afin que notre intervention figure au procès-verbal de cette réunion.

La FOL 93 communiquera publiquement sa position sur l’identité nationale en ayant pris le temps d’en débattre autrement que dans la précipitation.

Je le répète, la Ligue de l’enseignement est légitime à débattre de cette question, ce sont les conditions du débat qui posent problème

Nous ne pouvons pas laisser le soin de définir l’identité nationale à ceux qui s’en font une conception rigide.

Fondée en 1866, la Ligue de l’enseignement s’est inscrite dans la filiation de la

Révolution française qui a, en affirmant la souveraineté du peuple, posé la nation comme concept politique. Ce sont les citoyens libres et égaux qui constituent la nation en corps politique : la République.

 

Je vous remercie.

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