« Ramener l'art dans les quartiers »
L'ANGI et la compagnie Kialucera sont associées pour proposer aux habitants d'Aubervilliers un "lieu culturel intermédiaire", qui permet de développer des activités culturelles, artistiques et sociales au profit de tous les publics et en particulier ceux qui se trouvent éloignés de la Culture et des Arts. Le lieu présente des pièces de théâtre, des concerts, des ateliers, des expositions...
Au cœur du quartier de la maladrerie à Aubervilliers, la galerie Art'o ouvre ses portes aux habitants de la cité. Un espace culturel imaginé et animée par l'ANGI, association de la nouvelle génération immigrée, affiliée à la Ligue de l'enseignement-FOL 93 dans un but commun de défense des droits à la reconnaissance, la culture et l'égalité des humains, et la compagnie de théatre populaire Kialucera. Parmi ses activités, la galerie organise chaque année quatre à cinq expositions.
Depuis le vendredi 7 mai, c'est Arnaud Bouchet qui est mis à l'honneur dans les locaux de la galerie. Pour l'occasion, un vernissage de son exposition « Sinopia » en présence de l'artiste a été organisé. Le but : ramener l'art dans les quartiers. Une démarche d'accompagnement et de démocratisation de l'art comme moyen de lutte contre les inégalités sociales. « On veut accrocher la population de la cité sur des domaines dont ils sont exclus socialement », explique Hamouda Hertelli, le directeur de l'ANGI. Une ambition évidemment partagée par Arnaud Bouchet. Cet artiste peintre diplômé de l'école des beaux arts de Toulouse dont il est originaire et qui vit en région parisienne depuis 1986 a fait de sa passion une utilité sociale. Comment l'art peut-il contribuer à lutter contre l'exclusion et l'insécurité ? « En attirant l'attention sur autre chose, répond l'artiste, les jeunes du quartier sont toujours dans le même univers, il faut les confronter à d'autres environnements, la peinture permet ça ».
A l'opposé de l'univers de la banlieue justement, les toiles d'Arnaud Bouchet marquent un retour au paysage, à la couleur, aux petits formats, et à la peinture à l'huile après plusieurs années de pratique de l'acrylique. Peintre à dominante figurative, les arbres reviennent à travers les œuvres de son exposition, comme un pied de nez à la cité dans laquelle il vit et il expose ? « Peut-être, j'ai vécu enfant à la campagne mais je suis depuis longtemps dans un environnement urbain. Ces toiles peuvent être un moyen de retourner à la nature », songe le peintre. Une chose est sûre, l'exposition a attisé la curiosité des enfants présents lors du vernissage et qui connaissent bien Arnaud Bouchet. Car si ce n'est pas le cas de tous les artistes qui exposent ici, Arnaud Bouchet, lui, est non seulement peintre mais également animateur d'art plastique à la galerie. « Exposer aujourd'hui, c'est aussi un moyen de faire découvrir mon œuvre aux enfants que j'encadre durant des ateliers et leur permettre de se faire leur propre opinion. » Et les jeunes ce soir là sont plutôt enthousiastes face aux toiles de l'artiste qu'ils trouvent « jolies », même si du vécu d'Arnaud Bouchet, ils peuvent parfois faire des remarques plus acerbes du type « moi aussi je peux le faire », mais souvent justes, « les enfants voient des choses que les adultes ne voient pas ».
C'est ce type d'échanges que le directeur de l'ANGI espérait à la création de son association en 1981. Et si la galerie en permet, c'est à travers de nombreuses autres activités que l'association lutte chaque jour contre les discriminations : alphabétisation des femmes, soutien scolaire, sorties culturelles, assistance socio juridique, atelier de lecture et d'écriture, ciné club, théâtre. « Tout cela crée un dialogue entre famille, enfant et gens du quartier. Ici, il n'y a pas d'obligation, que des envies » conclut Hamouda Hertelli.
Pour plus d'information, consulter le blog de l'angi-kialucera