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Publié par fol 93


L'association ASTI SIGLE est née en 1981. Elle est venue au monde de façon informelle lorsqu'un groupe d'habitants de Clichy-sous-Bois a décidé d'assurer le rôle d'écrivain public pour les personnes immigrées maîtrisant mal le français. Par cette activité, ces habitants ont mieux mesuré les problèmes, les manques et les obstacles auxquels étaient confrontée cette population.
Le but de l'association est de la soutenir, de l'accompagner et de l'informer de ses droits et de ses devoirs. Pour cela, l'ASTI tient une permanence d'informations aux droits et propose des cours d'alphabétisation.
Auparavant l'association proposait également des activités éducatives périscolaires, mais les réformes récentes de l'accompagnement scolaire ne permettent plus aux associations d'y participer. Néanmoins, l'ASTI aimerait à l'avenir reprendre ces activités sous une forme ou sous une autre.

En 1984 une école de Montfermeil refuse d'inscrire des enfants d'immigrés dans son établissement. Un collectif d'associations auquel appartient l'ASTI se mobilise pour protester. C'est à cette époque que Monique Legrand, enseignante dans cette école, commence à côtoyer l'ASTI. De fil en aiguille elle intègre l'association puis le conseil d'administration jusqu'à devenir présidente. Son rêve est de donner des cours de français mais son rôle de présidente ne lui donne pas le temps nécessaire.

Les cours de français sont menés selon certains principes. Les « stagiaires » sont des femmes adultes et elles doivent être considérées comme telles. Le but est d'inclure les cours de langue de leur quotidien afin que leur apprentissage soit immédiatement exploitable. Les formateurs préfèrent employer l'expression d'  « atelier socio-linguistique » plutôt que celui de cours de français. « Ici on apprend pas l' ABCD, vous avez d'autres besoins, d'autres priorités dans votre vie » explique Fouzia, formatrice, lors d'une séance.
L'oral prend une place très importante dans les ateliers. « J 'essaie de les faire parler un maximum » explique-t-elle car la « priorité, c'est qu'elles puissent s'exprimer ».
Des intervenants extérieurs sont régulièrement invités pour parler de sujets divers qui vont de la contraception au fonctionnement des titres de transports. L'association organise également des sorties, en général totalement gratuites, pour leur faire découvrir la culture française. En février, une sortie était notamment prévue au château de Vincennes pour familiariser les stagiaires avec l'histoire de France et les sortir de leur quotidien.

Pour Monique Legrand, la relation d'apprentissage n'est pas à sens unique. Elle affirme « apprendre des tas des choses sur les gens, sur le fonctionnement de la société » et en tirer « un grand plaisir ».

Cette manière d'aborder la transmission des connaissances propre à l'éducation populaire place l'ASTI « tout à fait dans l'optique de la Fédération des Oeuvres Laïques». Elle est d'ailleurs membre du conseil fédéral. L'association soutient particulièrement les actions menées par Cécile Sajas au sein du secteur Education à la différence de la fédération. Elle a notamment participé à l'opération « Jouons la carte de la fraternité » dans le cadre de laquelle des enfants écrivent des messages de tolérance sur des cartes postales, qu'ils envoient par la suite à des personnes choisies au hasard dans l'annuaire.

Visiblement émue, Monique Legrand évoque un projet réalisé l'année dernière.
En 2008 l'ASTI a fait appel à une formatrice issue des réseaux d'échanges réciproques de savoirs pour animer un atelier inédit : la réalisation de carnets de voyages en matériaux de récupération par les femmes des ateliers de français. « Elles ont fait des choses magnifiques » appuie Monique Legrand, à tel point que les livres ont fait l'objet de plusieurs expositions, notamment à la bibliothèque de Clichy-Sous-Bois.
Cela a également été « un moment d'entraide et de partage formidable » que l'ASTI prévoit de renouveler dans l'année.

Cette année l'ASTI prévoit aussi de faire renaître de ses cendres une activité que l'association n'a pu conserver pour des raisons immobilières : la halte d'accueil. Ce lieu permettait aux femmes stagiaires de faire garder leurs enfants gratuitement pendant la durée de leur cours. Le lieu était fondamental car beaucoup de femmes abandonnent les ateliers en raison de la charge que représentent les enfants et du manque flagrant de structures d'accueil.

L'ASTI organise également chaque année la « fête du printemps », une journée de partage et d'échanges conviviaux autour de plats préparés par les stagiaires.

Grâce aux cours, certaines femmes ont trouvé du travail, ou en ont changé pour un travail plus intéressant. D'autres femmes ont été présentées au certificat d'étude pour adultes qui leur permet de valider les compétences acquises. Toutes gagnent en aisance, car les cours de l'ASTI sont essentiellement orientés vers l'expression et la créativité. Des stagiaires ont même pris l'habitude de dire des contes aux réunions ou lors d'évènements particuliers.

A l'ASTI des femmes content, se racontent, échangent, apprennent et avancent. L'ASTI constitue un lieu essentiel de soutien et d'entraide pour que puissent s'exprimer les voix de celles que l'on n'entend pas.

Contactez l'ASTI au 01.43.32.51.66 
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